Tous les jeunes gens conspiraient avec Polly pour flatter les goûts de Tom jusqu’à satiété. Puis Frédéric apprit des détails complets sur la capture du daim : à la vérité, on l’avait acheté au Parc de la Porte d’Or, qui regorgeait de ces animaux, et transporté par chemin de fer dans une caisse à claire-voie, puis à dos de cheval et de mulet jusqu’aux endroits les plus abrités de la Montagne Ronde. Tom s’était endormi pendant la première battue. Les jeunes gens s’étaient élancés à la poursuite de l’animal, crevant leurs chevaux : puis ç’avait été les ascensions et les chutes, la prise au lasso à la clairière du Ranch Brûlé et le triomphe final quand le malheureux daim, chassé à courre pour la deuxième fois, fut abattu par Tom, à cinquante mètres.
De tout cela, Frédéric se sentait vaguement froissé dans son amour-propre. Quand lui avait-on témoigné une pareille sympathie ?
Certains jours, Tom ne pouvant sortir, les divertissements de plein air étaient remis : néanmoins, il demeurait le centre d’attraction. Assis dans le grand fauteuil, il somnolait et s’éveillait de temps à autre de cette façon bizarre et inattendue qui lui était propre : il roulait une cigarette et demandait son ukulélé, sorte de guitare minuscule, d’invention portugaise et fort en usage dans les îles Hawaï. Alors il