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LE VAGABOND DES ÉTOILES

marques de sympathie. Oppenheimer me disait qu’il avait connu pire encore, et que pourtant il n’en était point mort.

— Ne leur permets pas de te dominer, Standing ! épelait-il des doigts. Tiens-leur tête et ne te laisse pas mourir. Ils en seraient bien trop ravis. Et surtout ne vends pas la mèche ! Moins que jamais !

Couché sur le dos, dans ma camisole, je ne pouvais répondre qu’avec le pied. Du bord de ma semelle, je tapotais en réponse :

— Il n’y a pas, je te l’ai déjà dit, de mèche à vendre. Je ne sais rien, rien, rien.

— Entendu et compris ! approuva Oppenheimer.

Et il continua, à l’adresse d’Ed. Morrel :

— Standing est épatant !

Comment voulez-vous que je pusse arriver à convaincre le gouverneur Atherton, puisque Oppenheimer lui-même ne savait qu’admirer ma force d’âme à garder mon secret ?

Lorsque je dormais, je me mettais aussitôt à rêver. Ces rêves avaient entre eux une remarquable cohésion. Échafaudés sur une base réelle, ils se rapportaient toujours à mon ancien métier d’agronome.

Souvent, il me semblait que je parlais devant une réunion de savants, assemblés pour m’écouter. Je leur lisais les documents mis en ordre par moi et qui avaient trait, soit à mes propres recherches, soit à celles d’autres confrères. Et, quand je me réveillais, si précis avait été mon rêve qu’il me semblait que ma voix sonnait encore à mes oreilles. Il me paraissait voir encore devant mes yeux les dactylographes tapant, sur du papier blanc, phrases et paragraphes de leur compte rendu.

Plus souvent, je voyais s’étendre devant mes regards, sur des centaines de milles vers le nord et vers le sud, d’immenses terres arables, sous un climat tempéré, assez semblable à celui de la Californie. La flore et la faune étaient également celles de ce pays. Et, dans tous