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LE VAGABOND DES ÉTOILES

— Dans tout ceci, hurla Skysail Jack, une seule chose a de l’importance. Le matin n’est pas loin. On va nous sortir d’ici et nous faire passer quelques mauvais quarts d’heure. Nous avons été pris sur le fait, tout habillés, à deux heures du matin. Il n’y a pas à nier. Aux questions qui nous seront posées, le mieux sera de dire la vérité, toute la vérité. Nous expliquerons que Cecil Winwood avait tout machiné et qu’ensuite il nous a vendus. La suite, à la grâce de Dieu ! C’est compris ?

Et, de cellule à cellule, dans cet antre hideux, leurs bouches collées contre les grilles, les quarante convicts jurèrent solennellement de dire cette vérité.

Ils furent bien avancés !

Sur le coup de neuf heures, les geôliers firent irruption dans les cachots et se jetèrent sur nous.

Non seulement nous n’avions reçu, depuis la veille, aucune nourriture, mais nous n’avions même pas bu une goutte d’eau. Et, roués de coups comme nous l’avions été, nous étions physiquement anéantis par la fièvre. Te rends-tu compte, lecteur ? Peux-tu seulement te rendre compte de l’état lamentable qui était le nôtre ? Battus, fiévreux, à jeun et mourant de soif !

À neuf heures donc, les gardiens arrivèrent. Ils n’étaient pas nombreux. À quoi bon ? Nous ne pouvions offrir aucune résistance sérieuse. Ils n’ouvraient d’ailleurs les cachots que les uns après les autres. Ils étaient armés, en guise de bâtons, de manches de pioches. C’est un excellent outil pour mettre à la raison un homme sans défense.

À chaque cachot qu’ils ouvraient, ils commençaient par taper. Chaque convict eut son compte. Ce fut pareillement bien servi, sans jalousie possible pour personne. Et moi, j’en eus ma part comme les autres. Ce n’était qu’un début, une préparation bien sentie à l’interrogatoire que chaque homme allait avoir à subir de la part de hauts fonctionnaires, engraissés par l’État.

Il y en eut pour plusieurs jours, et l’horreur infernale