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LE VAGABOND DES ÉTOILES

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Ed. Morrell vient de me faire parvenir un petit mot. Il m’affirme qu’il a fait les cent pas, toute la nuit, devant le mur du Quartier des Condamnés à mort.

On lui a interdit, administrativement, de venir me faire ses adieux. Bandits ! Je le dis sans le savoir. Mais Je le suppose. On a dû se défier de lui. Ces gens sont des enfants. Ils me tuent et, la nuit prochaine, lorsqu’ils m’auront allongé le cou, ils auront peur, pour la plupart, de rester dans l’obscurité.

Voici quel était le message d’Ed. Morrell : « Ma main est dans la tienne, vieux camarade ! Je sais que même au bout de la corde, c’est toi qui auras gagné la partie. Ils n’auront pas eu la dynamite. »

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Les reporters se sont éloignés. Je ne les verrai plus, la prochaine et dernière fois, que du haut du gibet, avant que le bourreau ne me cache la face sous le voile noir.

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Quelques lignes encore…

En les écrivant, je retarde la cérémonie. Le corridor est plein de fonctionnaires et de hauts dignitaires. Tous sont nerveux. Ils désirent, évidemment, en finir au plus vite. Sans doute plusieurs d’entre eux sont-ils attendus à déjeuner. Je les désoblige beaucoup en tenant encore ma plume…

Le prêtre m’a renouvelé sa demande de rester avec moi jusqu’à la fin. Le pauvre homme ! Pourquoi lui refuserais-je cette consolation ?

J’ai consenti, et maintenant il a l’air tout réjoui. Mon Dieu, qu’il faut peu de chose pour rendre heureux certains hommes ! Je pourrais m’attarder encore à en rire, pendant cinq joyeuses minutes, s’ils n’étaient pas si pressés.

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Je termine ici. Je ne puis que me répéter. Il n’y a pas de mort absolue. L’esprit est la vie, et l’esprit ne saurait mourir.