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LE VAGABOND DES ÉTOILES

sienne, purement végétative, et qui me reposerait grandement des élans divins de mon intelligence.

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Après avoir été secoué, bousculé, assommé de coups de poing et coups de pied, par Thurston et par ses chiens pendeurs, tout en remontant ce terrible escalier, j’éprouvai un immense, un infini soulagement, lorsque je me retrouvai dans mon étroite cellule.

Là, tout me paraissait si sûr, si stable. J’étais comme un enfant perdu qui, après une équipée, rejoint la maison paternelle. Je me prenais d’affection pour ces murs que durant des années, j’avais tant haïs.

Ces bons murs, épais et solides, que j’avais, à droite et à gauche, à portée immédiate de ma main, empêchaient l’espace de bondir sur moi, comme une bête fauve. L’agoraphobie est une terrible maladie. Je plains sincèrement ceux qui en sont atteints. Du peu que j’en ai tâté, je ne crains pas d’affirmer que la surmonter est plus difficile que d’accepter la pendaison.

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Je viens de me faire une pinte de bon sang. Le médecin de la prison, imaginez-vous, un homme fort sympathique au demeurant, est entré dans ma Cellule de Mort pour faire un brin de causette avec moi… et m’offrir incidemment ses bons offices. C’est-à-dire une dose suffisante de morphine, qu’il me fournirait, et que j’absorberais pendant la nuit. Demain matin, m’a-t-il affirmé, je ne me rendrais même pas compte que je marche à la potence.

J’ai décliné sa proposition. J’en ai ri aux éclats.

Je me souviens du cas de Jake Oppenheimer, que l’on m’a conté. Lui non plus, n’a pas eu peur de la mort.

Son dernier matin venu, et son petit déjeuner terminé, comme il était déjà dans sa chemise sans col, les reporters furent introduits dans sa cellule, curieux de recueillir ses dernières paroles. Écoutez comment il les mystifia.

Comme ils lui demandaient ce qu’il pensait de la peine