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C’EST L’AMOUR QUI M’A PERDU

mîmes tous à fuir par-dessus les collines. Ils nous rejoignirent, malgré la rapidité de notre course, et il y eut, entre eux et nous, une féroce bataille. Je luttai jusqu’à l’aurore, avec mes fils et mes petits-fils, au chant des arcs et au frémissement des flèches empoisonnées. Nous fîmes un grand massacre de têtes crépues. Puis je tombai frappé à mort, vers le terme de la bataille, et les chants funèbres, que j’avais moi-même composés jadis, résonnèrent sur mon cadavre.

La femme, ici-bas, est tout pour l’homme. Elle l’attire à elle, bon gré, mal gré, comme le pôle appelle l’aiguille aimantée. Elle charme le regard de l’homme par le balancement merveilleux de son corps, par les ondes de sa chevelure, brune ou blonde, noire comme la nuit, ou qui semble saupoudrée d’or par le soleil.

Ses pieds sont divins. Sa poitrine et ses bras sont un paradis pour celui qui s’y repose. Le parfum qu’elle exhale délecte les narines. Sa voix, quand elle chante ou rit, au soleil ou au clair de lune, ou quand elle sanglote d’amour dans la nuit, renversée sur le dos et prise de vertige, est plus douce que toutes autres musiques, plus mélodieuse que le chant des épées dans la bataille. Ses paroles sont une exaltation de tout son être. Elles électrisent le nôtre et y font courir le feu, mieux qu’une sonnerie tonitruante de trompettes.

Dans le Ciel même, l’homme, avec les Houris et les Valkyries (celles-ci, dans le Paradis chrétien, transformées en Anges, qui de leurs chevaux ont pris les ailes), lui a réservé une place d’honneur. Car, pas plus que la terre, l’homme ne saurait concevoir un Ciel où la femme ne serait pas.

Les constellations se déplacent dans le firmament. L’Étoile Polaire, Hercule, Véga, le Cygne, Céphée n’étaient point jadis où ils sont aujourd’hui. La femme seule demeure. Elle seule est immuable dans l’Éternité.

Elles est l’amante et elle est la mère, qui couve ses enfants, comme la perdrix sous ses ailes. Elle est Cléo-