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LE VAGABOND DES ÉTOILES

camisole, on m’en fit endosser une seconde, mise à rebours, celle-là, la poitrine sur mon dos et lacée sur moi par devant.

Je ricanai :

— Dieu de Dieu, gouverneur ! Quel intérêt vous prenez à ma santé ! Le froid est vif et piquant… Merci de songer à me tenir chaud. Deux camisoles ! J’y serai encore mieux.

— Serrez ! Serrez plus fort ! hurla-t-il. Mettez-lui pied sur le ventre. Brisez-lui les os !

Hutchins s’escrima en conscience.

Le gouverneur Atherton était devenu vermeil. Il eut un dernier accès de rage folle :

— Ah ! Ah ! tu as essayé de mentir à ces messieurs ! De leur conter des faussetés à mon sujet ! Du coup, ça y est pour toi ! Tu m’entends bien, Standing. Tu en crèveras, cette fois ! »

Je voulus riposter. Mais la compression que je subissais était réellement terrible. Je sentais mon cerveau s’égarer. Les murs de la cellule tournaient autour de moi, s’inclinaient sur moi, comme pour m’écraser. J’eus encore la force de murmurer :

— Gouverneur… une troisième camisole… une troisième, je vous prie… j’aurai… j’aurai ainsi… plus chaud encore… beaucoup plus chaud…

Et la voix s’éteignit sur mes lèvres.

J’en réchappai. Mais jamais plus, après cela, il ne fut possible de m’alimenter convenablement. Je souffrais de douleurs internes à un degré que je ne saurais évaluer. Tandis que j’écris ces lignes, mes côtes et mon estomac sont encore en proie à des crampes intolérables. Pourtant mon misérable organisme a résisté. Il m’avait permis de vivre jusqu’à l’heure de ma suprême condamnation. Il me conduira jusqu’à l’instant où le bourreau m’allongera le cou, de sa corde bien tendue.

Ce fut la dernière expérience que tenta sur moi le gouverneur Atherton. Il renonça ensuite, et se rendit