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LE VAGABOND DES ÉTOILES

rêt grandissant. Je les enjôlai délicatement et ne m’arrêtai point de parler, afin d’éviter qu’on ne rétorquât mes arguments. Tant et si bien que je réussis à conter, de bout en bout, mon histoire.

Hélas ! pas un iota de ce que j’avais divulgué ne franchit les murs de la prison. Le comité rédigea un magnifique rapport, qui faisait blanc comme neige le gouverneur Atherton et n’avait pas assez d’éloges pour San Quentin.

Les journaux qui avaient instauré l’enquête en communiquèrent les excellents résultats à leurs lecteurs. Ils ajoutèrent même que la camisole de force, bien qu’il fût exact que son usage fût, en principe, demeuré légal, n’était, en fait, jamais employée, jamais, jamais, en aucun cas.

Et, tandis que les pauvres ânes qui lisaient ces bourdes les gobaient naïvement, tandis que le Comité sénatorial banquetait et buvait des vins fins dans la prison même, en compagnie du gouverneur Atherton, aux frais de l’État et des contribuables, Ed. Morrell, Jake Oppenheimer et moi, nous gisions sur le sol de nos cellules, dans nos camisoles sauvagement lacées, et que l’on avait encore un peu plus resserrées.

— Il faut rire de tous ces pantins ! me frappa Ed. Morrell avec le rebord de la semelle de son soulier, lorsque nos visiteurs furent partis.

— C’est bien ce que je fais, répondit Jake.

Je frappai, à mon tour, mon mépris et mon rire, puis ne tardai pas à m’enfuir dans la petite mort, vagabondant vers d’autres vies et d’autres âges, cavalier du temps, solidement cuirassé dans son armure insensible.

Oui, chers frères du monde extérieur, tandis que nous étions là et que les journaux commençaient à publier les résultats de l’enquête, les augustes sénateurs, pour clore leurs travaux, festoyaient autour du gouverneur Atherton, dans son appartement privé.

Le dîner terminé, Atherton, un peu éméché pour avoir