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LA DOUBLE CAMISOLE

mes existences antérieures, voici des milliers d’années.

Ce fut donc à qui, dans la prison, témoignerait des sentiments d’humanité dont faisaient preuve, envers leurs pensionnaires, le gouverneur Atherton et ses subordonnés. Tellement même ils s’appesantirent sur la bonté du gouverneur, sur la nourriture saine et variée qui leur était donnée, et sur son excellente préparation, sur l’aménité des gardiens à leur égard, bref sur tout le confort et le bien-être de la maison, qu’ils déclarèrent, avec un ensemble touchant, absolument parfait, que les journaux d’opposition de San Francisco s’en scandalisèrent et prirent la mouche. Ils protestèrent véhémentement, en réclamant plus de rigueur et de fermeté dans la direction des prisons. Ils déclarèrent que, faute de quoi, les honnêtes gens, tant soit peu paresseux, n’auraient plus qu’une idée : commettre quelque méfait, afin de se faire interner.

Le comité sénatorial n’eut garde d’oublier les cachots d’isolement, qu’il envahit bruyamment. Oppenheimer et Ed. Morrell qui avaient, comme moi, peu à perdre et rien à gagner, ne se génèrent point pour exhaler leur bile. Jake Oppenheimer leur cracha à la figure et les envoya au diable. Ed. Morrell leur déclara que rien de plus infect ne s’était jamais vu que cet établissement, et insulta gravement le gouverneur, en leur présence. Indigné, le comité pria instamment le gouverneur Atherton de se montrer plus sévère qu’il n’était envers ces mauvaises têtes et de leur faire goûter, sans crainte, de pires châtiments, même de ceux que leur excessive cruauté avait fait tomber en désuétude.

En ce qui me concerne, j’eus bien garde d’imiter mes deux camarades. Je n’insultai point le gouverneur et témoignai sans colère, posément, scientifiquement, comme je pouvais le faire, évitant, au début, toute récrimination excessive, afin qu’on ne doutât point de ma bonne foi et qu’à mesure que j’avançais dans mon exposition mes auditeurs portassent à mon sort un inté-