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LE VAGABOND DES ÉTOILES

tabac dont j’avais été sevré pendant huit ans. Il fit mieux et me tendit sa pipe, préalablement bourrée, à mon intention, d’excellent tabac de Virginie.

Je me mis à fumer. Mais, au bout de cinq minutes, la tête me tourna et je fus bientôt violemment malade. Rien de surprenant à cela. Mon organisme s’était entièrement purifié du fatal poison, lequel opérait en moi comme il fait chez tout jeune homme qui en est à sa première cigarette.

Je rendis la pipe et renonçai, de ce jour, à tout jamais, à la plante funeste, bien guéri et remerciant Dieu de ce dernier bienfait qu’il m’avait accordé.

Moi, Darrell Standing, je dois maintenant compléter le récit de cette existence, revécue par moi dans la camisole de force de la prison de San Quantin, en ajoutant que je me suis souvent demandé, en me réveillant dans ma cellule, si Daniel Foss avait été fidèle à sa résolution de déposer son aviron au Muséum de Philadelphie.

Il est difficile à un prisonnier, surveillé comme je l’étais, de communiquer avec le monde extérieur. Pourtant, je confiai un jour, à un gardien, une lettre que j’avais écrite, à ce sujet, au Conservateur du Muséum de Philadelphie. La lettre ne parvint pas à destination, en dépit des promesses que j’avais reçues.

Mais un temps arriva où, par un étrange retour du sort, Ed. Morrell, sa peine de cellule terminée, fut, à la suite de sa conduite exemplaire, nommé homme de confiance dans la prison. Je lui remis une autre lettre, qui fut plus heureuse. Voici la réponse que je reçus et qu’Ed. Morrell me délivra en contrebande :

« Il est exact qu’il se trouve dans notre Muséum un aviron tel que vous le décrivez. Peu de personnes le connaissent, car il n’est pas exposé dans les salles publiques. Moi-même, qui suis en fonctions depuis dix-huit ans, j’ignorais son existence.

Après avoir consulté nos anciens registres, j’ai trouvé mention du dit aviron, qui nous avait été offert par un