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CHAPITRE XXII

COMMENT JE SERAI PENDU

La possibilité de suspendre momentanément le cours normal de la vie est un fait courant, non seulement parmi le monde végétal et chez les espèces animales inférieures, mais même chez l’organisme humain, beaucoup plus complexe et développé. De temps immémorial, les fakirs de l’Inde, en se mettant en état cataleptique, ont joui de cette faculté qui leur permet de se faire impunément enterrer vivants. Il arrive aussi que les médecins ordonnent, de fort bonne foi, d’ensevelir des gens dont la vie est momentanément suspendue, et qui pourtant ne sont nullement morts.

Voilà à quoi je pensais souvent, en réalisant sur moi-même ces expériences répétées de la petite mort. Et je me remémorais encore le cas de ces paysans de l’extrême nord sibérien, qui, durant les longs hivers qu’ils traversent, s’endorment, à l’instar des ours et de mainte autre bête sauvage de cette région, jusqu’au retour du printemps. Les hommes de science, qui ont étudié ce sommeil prolongé du paysan sibérien, ont constaté que, durant ce temps, les fonctions respiratoires et digestives cessaient presque complètement. Le cœur battait si faiblement qu’à peine l’oreille la plus exercée en pouvait-elle percevoir les battements.

Il va de soi qu’en cet état cataleptique (et c’est pourquoi les paysans sibériens ont recours à lui), la quantité