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SUR LE VOLCAN JUIF DE JÉRUSALEM

je le sais, la vermine qui voudrait Le détruire. Dites « oui » et Il est sauvé. Et moi, pour ce que vous aurez fait, je vous aimerai éternellement !

Je répondis, très lentement, car c’était pour moi l’abandon de tout espoir sur cette femme :

— Je suis Romain…

Elle s’emporta :

— Vous êtes un esclave de Tibère, un chien de Rome… Vous n’êtes pas Romain ! Vous êtes un fauve géant du Nord !

Je secouai la tête.

— Je me suis, répondis-je, donné loyalement. Je porte le harnais et je mange le pain de Rome. Je ne serai pas ingrat. Si je ne suis pas Romain, les Romains sont mes frères… Et puis, à quoi bon tout ce bruit, pour la vie ou la mort d’un homme ? Nous devons tous mourir. Un peu plus tôt ou un peu plus tard, qu’importe !

Elle était toute tremblante dans mes bras, toute frémissante de passion à le sauver.

— Vous ne comprenez pas, Lodbrog ! cria-t-elle. Celui-ci n’est pas un homme comme les autres. Il est au delà des autres. Il est, parmi les hommes, un Dieu vivant.

Je resserrai étroitement mon étreinte.

— Oubliez-le ! suppliai-je. Vous êtes femme et je suis homme. Vivons notre vie, sans nous occuper du reste ! Laissons l’Au-delà. Laissons les fous suivre leurs rêves. Leurs rêves sont pour eux plus que les viandes et que le vin, plus que les chansons joyeuses et l’enivrement des batailles, plus même que l’amour de la femme. À travers les ténèbres du tombeau, ils suivent leurs rêves jusque dans l’éternité. Laissons-les passer ! Mais nous, demeurons en la mutuelle douceur que nous avons découverte l’un dans l’autre. La nuit de la tombe viendra assez tôt ! Et nous partirons alors chacun de notre côté. Vous, vers votre Paradis de soleil et de fleurs ! Moi, vers la table rugissante du Walhalla !