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LE VAGABOND DES ÉTOILES

— Ont-ils déjà, demandai-je, obtenu la mort du pêcheur ?

— Pas encore, me répondit-elle. Il est actuellement hors des murs de la ville. Il vient d’arriver, monté sur un âne, entouré de ses disciples, et quelques pauvres dupes l’ont salué du nom de Roi des Juifs. C’est un cri séditieux, pour lequel Caïphe et Hanan contraindront Pilate à agir. Si la sentence de cet homme n’est pas encore prononcée, elle est déjà écrite. C’est un homme mort.

À cet instant, une nouvelle vague humaine déferla sur nous et nous sépara. Elle m’entraîna, moi et mes soldats, écrasant presque nos chevaux, et nous écrasant les jambes sous la pression de leurs flancs. Parfois, quelque fou tombait. Alors je sentais mon cheval, qui le piétinait, ruer et se cabrer à demi. Le Juif jetait les hauts cris, et un tumulte de menaces montait vers moi.

Soudain, un de ces fanatiques saisit d’une main la bride de mon cheval et, de l’autre, agrippant ma jambe, tenta de me désarçonner. De ma large main, j’appliquai à l’homme un soufflet, qui lui couvrit toute la figure et lui, fit lâcher prise. Je ne le revis plus, et le coup avait été si violemment porté que je me demande encore si ma gifle ne l’a pas tué.

Je retrouvai Miriam, le jour suivant, au Palais de Pilate. Elle me parut plongée dans un rêve. À peine leva-t-elle les yeux vers moi. À peine sembla-t-elle me reconnaître. Son regard étrange, comme ébloui et perdu au loin, me rappela celui des lépreux sur la route de Jéricho.

Elle fit un effort pour redevenir maîtresse d’elle-même. Je la saluai. Mais elle continua à ne point me voir et comme elle s’était levée, je vins me mettre devant elle, en lui barrant la route.

Elle s’arrêta et s’aperçut alors de ma présence. Puis elle murmura machinalement quelques paroles, tandis que ses yeux plongeaient en moi. Jamais je n’avais vu, à