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LE VAGABOND DES ÉTOILES

Tout s’accomplissait au nom de Dieu. Toutes les doctrines se prouvaient par des miracles. C’est à peu près comme si l’on entreprenait de démontrer la justesse de la table de multiplication en changeant en serpent, voire en deux serpents, un bâton.

Lorsque je revins à Jérusalem, cette agitation était à son comble. Elle croissait sans cesse. La foule courait de droite et de gauche, en jasant, pérorant et déclamant. Les uns annonçaient que la fin du monde était proche. D’autres déclaraient imminente la ruine seule du Temple. De fieffés révolutionnaires proclamaient le terme de la loi romaine et l’avènement prochain d’un nouveau Royaume des Juifs.

Pilate, par ricochet, ne me semblait pas moins inquiet et, énervé.

— Si Rome, me disait-il, m’envoyait seulement une demi-légion, de bons légionnaires romains, je prendrais, Jérusalem à la gorge et je la forcerais bien à se taire !

Je fus logé dans son Palais même et, à ma vive satisfaction, j’y retrouvai Miriam. Mais la situation politique était trop tendue, trop de graves soucis troublaient l’heure présente pour que nous eussions beaucoup le loisir de deviser d’amour.

Toute la ville bourdonnait, comme un nid de guêpes irritées. La grande fête appelée la Pâque (encore une affaire religieuse !) était proche et des milliers de gens affluaient des campagnes pour venir, selon la tradition, la célébrer à Jérusalem.

Ces pèlerins n’étaient pas moins loquaces et bruyants que les habitants coutumiers de la ville. Et celle-ci en regorgeait à ce point que beaucoup d’entre eux étaient contraints de camper en dehors des murs.

Je demandai à Pilate si cette effervescence était due aux enseignements du pêcheur errant, ou à la haine des Juifs contre Rome.

Il me répondit :

— Un dixième, pas plus, de toute cette rumeur est due