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SUR LE VOLCAN JUIF DE JÉRUSALEM

Elle me regarda, comme fascinée, et murmura :

— Pauvre géant fauve !

Puis, pensive, elle ajouta :

— Je regrette presque qu’il n’y ait pas d’hommes comme vous dans mon Ciel…

Je me rapprochai plus près d’elle.

— À chacun de nous, lui dis-je, est réservé le genre de Ciel qui plaît à son cœur. Celui qui m’attend, au delà du tombeau, est un beau pays ! Je n’affirme pas, pourtant, que je ne quitterai jamais les Salles de Festin de notre Walhalla, pour venir faire une incursion dans votre Paradis de soleil et de fleurs, pour vous y ravir et vous emporter avec moi ! Ainsi fut faite captive ma mère…

Il y eut alors, entre nous, un silence. Je la regardai. Elle me regarda. Et, devant les miens, ses yeux ne se baissèrent point. Mon sang, par Odin ! coulait dans mes veines, comme une lave ardente.

Je ne sais trop ce qui serait advenu de nous si Pilate n’eût fait, à ce moment, son entrée et n’eût interrompu l’entretien.

— Vous l’entendez, Miriam, railla-t-il. C’est un vrai rabbin, un rabbin de Teutoberg ! Voici, à Jérusalem, un nouveau prédicant et une nouvelle doctrine qui nous sont arrivés. Plus encore que par le passé, il y aura ici des discussions théologiques, des émeutes et des prophètes, portés en triomphe ou lapidés ! Que les Dieux nous sauvent de tous ces exaltés ! Jérusalem est une maison de fous. Lodbrog je n’eusse jamais cru cela de vous. Dire que vous voilà maintenant comme les autres, vous emballant et déclamant sur nos fins dernières, pareil à ces énergumènes qui nous arrivent, chaque jour, du Désert. Vivons notre vie, Lodbrog ! Et une seule à la fois. Cela nous épargnera bien des soucis superflus.

La femme de Pilate était moins sceptique. Elle s’enthousiasmait pour ces discussions, extasiée, et ses mains étroitement croisées. C’était, comme je l’ai dit, une femme maigriote, qui semblait minée par la fièvre. Sa peau était