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OPPENHEIMER DEMEURE SCEPTIQUE

habituelle et lui déclara qu’en ce qui me concernait, il répudiait toute responsabilité personnelle. Et, de fait, il ne parut plus dans ma cellule.

Ce fut ensuite au tour du gouverneur Atherton d’être ébranlé. Jake Oppenheimer, qui était sans peur et ne mâchait pas ses mots, et qui était sorti indemne de tous les enfers qu’on lui avait fait subir, l’entreprit un jour, à mon sujet.

Morrell me frappa l’histoire.

— Gouverneur, avait dit Oppenheimer à mon bourreau, vous avez les yeux plus grands que le ventre. Si vous réussissez à faire mourir Standing, il faudra nous tuer aussi, Morrell et moi. Sans quoi, n’en doutez point nous vendrons la mèche. Dès que nous serons sortis d’ici, nous crierons votre infamie à toute la prison, et ce sera bien le diable si elle ne transpire pas au dehors. Oui, toute la Californie saura que vous avez outrepassé vos pouvoirs et que vous êtes un assassin. Et il pourra vous en cuire ! Vous avez le choix. Ou laisser Standing en paix, ou nous tuer aussi, Morrell et moi. Nous sommes vos maîtres. Vous, vous êtes un abominable froussard, qui jamais n’oserez nous faire périr tous trois. Votre vocation de boucher est incomplète.

Ce discours valut à Oppenheimer cent heures de camisole. Lorsqu’il fut délacé, il cracha à la face du gouverneur Atherton. Ce qui lui valut derechef cent nouvelles heures. Et lorsque, cette fois, on le délaça, Atherton s’abstint d’être présent. La menace Oppenheimer et ses courageuses paroles avaient porté. Il n’y avait pas à en douter.

Le plus tenace en diabolique cruauté fut le docteur Jackson. J’étais pour lui un sujet rare et il était curieux de savoir combien de temps je pourrais résister.

— Il peut tenir vingt jours encore, avant la dernière cabriole, déclara-t-il au gouverneur, en ma présence, d’un air suffisant.

Je lui coupai la parole.