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« MAINTENANT, Ô MON ROI ! »

sur mes faits et mes gestes, en avertissaient ses Gouverneurs et ses agents. Quoi que nous fissions, il nous était impossible de fuir, soit en franchissant les frontières nord, soit en nous embarquant sur mer, sur quelque Sampan. Partout, sitôt arrivés, nous étions brûlés.

Une seule fois avant celle qui fut la dernière, je rencontrai Chong-Mong-ju. Ce fut par une nuit d’hiver, que secouait une violente tempête, sur les hautes montagnes de Kong-wu. Quelque menue monnaie, économisée, m’avait permis de louer, pour Lady Om et moi, un abri pour la nuit, dans le coin le plus sale et le plus éloigné du feu de l’unique grande pièce d’une auberge. Nous allions commencer notre maigre repas, composé de févettes et d’ails sauvages, qui nageaient dans un affreux ragoût, en compagnie d’un minuscule morceau de bœuf, tellement coriace que, sans nul doute, l’animal dont il provenait était mort de vieillesse. Nous entendîmes, à ce moment, tinter au dehors les clochettes de bronze, et résonner le piétinement des sabots d’un attelage de poneys.

La porte s’ouvrit et Chong-Mong-ju, personnification vivante du bien-être, de la prospérité et de la puissance, entra, en secouant la neige de ses inestimables fourrures de Mongolie. Chacun lui fit place, à lui et aux douze hommes qui formaient sa suite.

Soudain, ses yeux s’arrêtèrent, par le plus grand des hasards, car on était nombreux dans l’auberge, sur Lady Om et sur moi.

— Débarrassez-moi, ordonna-t-il, de cette vermine, qui est là, dans ce coin…

Alors ses écuyers nous flagellèrent de leurs fouets et nous rejetèrent dans la tempête.

Seigneur ! Seigneur ! Il n’y a pas, ô Corée, une seule de tes routes, pas un de tes sentiers de montagne, pas une de tes villes fortifiées, pas une de tes bourgades, qui ne m’ait connu.

Quarante ans durant, j’ai erré sur ton sol et j’ai eu