Page:London - Le Vagabond des étoiles.djvu/202

Cette page a été validée par deux contributeurs.
190
LE VAGABOND DES ÉTOILES

sur une couche d’eau souterraine. Creuser un puits dans son enceinte eût risqué de la submerger. C’est pourquoi, du matin au soir, des milliers de coolies, avec des seaux suspendus aux deux extrémités d’un joug reposant sur leur nuque, étaient occupés à faire la navette de la ville au fleuve qui en est voisin, et vice versa. Je me fis embaucher parmi eux et exerçai ce métier jusqu’au jour où Chong-Mong-ju me repéra. Je fus battu derechef, chassé de Pyeng-yang, et remis sur la route.

Et, toujours il en était ainsi. Dans la ville lointaine de Wiju, je devins boucher de chiens. Je tuais les bêtes, publiquement, devant mon étal ouvert à tout vent. Puis je découpais et vendais la viande, tandis qu’étendant les peaux dans la boue, en pleine rue, le côté saignant en dessus, je laissais aux pieds sales des acheteurs et des passants le soin de les tanner. Chong-Mong-ju me découvrit et je dus fuir encore.

Je fus aide teinturier à Pyonhan, chercheur d’or dans les placers de Kang-Wun, fabricant de cordes, que je tordais, à Chiksan. Je tressai des chapeaux de paille à Padok, fauchai l’herbe à Whang-haî. À Masenpo, je me louai, ou plutôt me vendis à un planteur de riz, à un salaire inférieur à celui du dernier des coolies, et me courbai l’échine dans les rizières inondées.

Il n’y eut jamais une heure, ni un endroit, où le long bras de Chong-Mong-ju ne m’atteignit pas, ne me fît battre, et ne refît de moi un mendiant. Durant deux saisons entières, Lady Om et moi, nous cherchâmes et finîmes par trouver une unique, rare et précieuse racine de ginseng, si renommée des médecins que, du prix de sa vente, nous eussions pu vivre à l’aise, l’un et l’autre, durant une année entière. Mais, juste au moment où j’étais en train de négocier, on m’arrêta. La racine fut confisquée et je fus encore plus battu, mis au carcan plus longtemps que de coutume.

Toujours les membres errants de la grande corporation des Colporteurs renseignaient Chong-Mong-ju, à Keijo,