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« MAINTENANT, Ô MON ROI ! »

nuits suivantes, tandis que les messagers de Chong-Mong-ju crevaient leurs chevaux, pour aller porter partout ses ordres souverains.

Comme je sortais, à cheval, de Keijo, à l’heure du crépuscule, pour aller faire un tour dans la campagne, je vis, sous la Grande Porte de la capitale, s’abattre la monture fourbue d’un de ces messagers, et son cavalier, se relevant, continuer à pied son chemin. Je poursuivis ma route, sans m’inquiéter de savoir quel était cet homme, et ne me doutant guère qu’il apportait avec lui mon destin.

Le message dont il était chargé fit éclater la révolution au Palais Impérial. Lorsque j’y rentrai, à minuit, tout était terminé.

Dès neuf heures du soir, les conjurés s’étaient emparés, dans son appartement même, de la personne de l’Empereur. On le contraignit à mander devant lui tous ses ministres et, à mesure qu’ils se présentaient, ils étaient abattus. Les Chasseurs-de-Tigres s’étaient soulevés, eux aussi. Yunsan et Hendrîk Hamel furent faits prisonniers, et férocement battus par eux, à coups de plats de sabre. Les huit autres matelots purent s’échapper du Palais, emmenant avec eux Lady Om. Ils y réussirent grâce à Kim qui, l’épée à la main, leur ouvrit un passage à travers ses propres soldats révoltés. Kim tomba dans la bataille et fut foulé aux pieds. Mais, malheureusement pour lui, il ne mourut pas de ses blessures.

Comme une risée de vent qui s’élève durant une nuit d’été, la révolution souffla et passa tout naturellement sur le Palais. Dès le lendemain, Chong-Mong-ju était remonté en selle et redevenu tout puissant. L’Empereur souscrivit à toutes ses volontés. Sauf l’émotion, qui fut générale, à la nouvelle de la profanation des anciens Tombeaux Royaux, la Corée demeura paisible. Chong-Mong-ju fut partout acclamé. Les têtes des anciens fonctionnaires tombaient, dans le pays entier, et ils étaient remplacés par des créatures du nouveau