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LE VAGABOND DES ÉTOILES

Seigneur ! Seigneur ! C’était une vraie femme ! Pendant quatre ans, je la possédai en paix. Toute la Corée avait accepté notre mariage. Chong-Mong-ju, dépossédé de toute influence, tombé en complète disgrâce, s’était retiré quelque part sur la côte de l’extrême nord-est pour y cuver son dépit. Yunsan commandait en dictateur. La paix régnait sur le pays où, chaque nuit, couraient les signaux qui la proclamaient.

Les jambes grêles de l’Empereur, plongé dans ses débauches, s’affaiblissaient de plus en plus, de plus en plus ses yeux devenaient chassieux. Lady Om et moi avions gagné la partie souhaitée par nos cœurs. Kim commandait aux gardes du Palais. Quant à Kwan-Yung-Jin, le malencontreux gouverneur qui nous avait infligé, à moi et à mes compagnons, le supplice du carcan et nous avait fait battre en public, lors de notre arrivée en Corée, je l’avais destitué et lui avais interdit de paraître jamais à Keijo.

Oh ! Johannes Maartens n’avait pas non plus été oublié ! La discipline est solidement ancrée dans la tête d’un matelot et, en dépit de ma grandeur nouvelle, je ne pouvais oublier qu’il avait été mon capitaine, aux jours anciens où nous naviguions ensemble sur le Sparwehr, à la recherche de nouvelles Indes. Selon l’histoire que j’avais contée, lors de mon début à la Cour, il était le seul homme libre de ma suite. Le reliquat des matelots, considéré par tous comme mes esclaves, ne pouvait prétendre à une fonction officielle quelconque.

Le cas de Johannes Maartens était différent et il monta en grade. Le vieux roublard ! J’étais loin de deviner ses intentions, quand il me demanda à être nommé Gouverneur de la misérable petite province de Kyong-ju.

Celle-ci ne possédait aucune richesse propre, du fait de son agriculture ou de ses pêcheries. Le revenu des impôts couvrait à peine les frais de leur perception et la qualité de Gouverneur était plus titre honorifique. L’endroit était en vérité un vrai tombeau — un tombeau sacré — car sur