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SEIGNEUR ! UN PAUVRE MATELOT…

pour détourner la conversation, il s’attardait en récits admiratifs de mes tournois de beuverie avec Taiwun.

Je n’entrerai pas dans le détail de tout ce qui se passa d’exquis entre Lady Om et moi, quoiqu’elle ne soit plus, depuis bien des siècles, qu’une cendre chère à mon cœur. Mais nous n’avions rien à nous refuser mutuellement. Lorsque s’aiment un homme et une femme, rien ne saurait les tenir écartés l’un de l’autre, et les royaumes peuvent crouler sans faire se desserrer l’étreinte de leurs bras.

Puis, peu à peu, apparut sur l’eau la question de notre mariage. Elle se posa piano, piano, tout d’abord, par de simples potins de Cour, par des colloques à voix basse, entre eunuques et servantes. Mais, dans tout le Palais, il n’est pas de commérage de marmitons qui ne s’élève peu à peu jusqu’au trône.

Bientôt cette rumeur n’était plus un secret pour personne. Le Palais, et toute la Corée avec lui, qui vibrait à son unisson, en furent en grande agitation. Il y avait de quoi. Ce mariage était, pour Chong-Mong-ju, un plein coup de poing entre les yeux.

Il lutta contre de toutes ses forces, et accepta, avec Yunsan, la bataille décisive pour laquelle celui-ci était prêt. Il réussit à attirer dans son parti la moitié du clergé des provinces et, jusqu’aux portes de son Palais, l’Empereur affolé vit défiler d’interminables processions de prêtres protestataires.

Yunsan tint dur comme un rocher. L’autre moitié du clergé avait embrassé sa cause et lui demeurait fidèle, ainsi que toutes les grandes villes de l’Empire, telles que Keijo, Fusan, Song-do, Pyen-Yang, Chenampo et Chumulpo. Lui et Lady Om investirent complètement l’Empereur. Comme elle me l’avoua par la suite, elle fit pression sur lui, par ses crises de nerfs et ses larmes, et le menaça d’un scandale public qui ébranlerait les bases mêmes du Trône. Yunsan acheva la déroute de cet esprit faible en lançant ce pitoyable monarque dans de nouvelles débauches, tenues prêtes à cet effet.