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LE VAGABOND DES ÉTOILES

supérieures aux miennes. Mais, sur le chapitre femmes il n’avait et ne pouvait avoir sur moi aucune autorité.

Il sourit, les lèvres pincées, et me demanda :

— Aimes-tu réellement Lady Om ?

— Que je l’aime ou non, peu importe ! répondis-je.

Il darda sur moi les perles noires de ses yeux acérés et répéta :

— L’aimes-tu, vraiment ?

— Hé ! hé ! passablement… répliquai-je. Et plus que passablement, si cela t’intéresse.

— Alors, vas-y ! Et, par son truchement, nous obtiendrons un jour un bateau grâce auquel nous fuirons cette terre maudite. Je donnerais la moitié de la soie de toutes les Indes pour refaire un bon repas de chrétien.

Il recommença à me fixer, comme pour pressentir ma pensée.

— Penses-tu, dit-il, que tu réussiras avec elle ?

Cette question saugrenue me fit bondir. Il sourit, d’un air satisfait.

— Parfait ! parfait ! Mais, crois-moi, ne bouscule pas trop les choses. Les conquêtes trop rapides ne valent rien. Fais-toi valoir. Fais-toi désirer. Ne sois pas prodigue de tes gentillesses. Mets à son prix ton cou de taureau et tes cheveux d’or. Ta chance est en eux, heureux mortel ! Et ils feront plus pour toi que les cerveaux réunis de tous les savants de l’univers.

Les jours qui suivirent furent étourdissants pour moi. Tout mon temps était partagé entre mes audiences avec l’Empereur, mes beuveries avec Taiwun, mes entretiens avec le Grand Prêtre et les heures délicieuses que je passais dans la société de Lady Om. De plus, je demeurais éveillé une partie des nuits, sur l’ordre d’Hendrik Hamel, et les occupais à apprendre de Kim les mille détails de l’Étiquette, les manières de la Cour, l’histoire de la Corée et de ses dieux, jeunes et vieux, tous les raffinements du beau langage, et jusqu’à la langue vulgaire des coolies.