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LE VAGABOND DES ÉTOILES

chez ceux qui en sont pourvus, le signe du mariage. Il offre également, lorsqu’une dispute ne peut se régler par des mots, un point de prise excellent, permettant de flanquer à son interlocuteur un solide soufflet.

Le bateau s’en retourna vers le village auquel appartenaient ceux qui le montaient, afin d’y quérir du secours. Tout le monde accourut, avec des cordes, et presque toute la journée fut nécessaire pour nous tirer de notre fâcheuse position. Après quoi, ils nous emmenèrent avec eux.

C’étaient de bien pauvres et bien misérables gens, et leur nourriture était difficile à digérer, même par l’estomac d’un matelot. Leur riz, d’une indicible saleté, était brun comme du chocolat. Les grains, qui demeuraient munis des trois quarts de leurs cosses, étaient mélangés de bouts de paille et de bouts de bois. À tout moment, il fallait s’arrêter de manger, afin de s’introduire dans la bouche le pouce ou l’index, et se débarrasser la mâchoire des matières dures qui la blessaient. Ils se nourrissaient aussi d’une sorte de millet, assaisonné de cornichons d’une espèce particulière, d’un goût si fort, qu’ils vous emportaient la bouche[1].

Les maisons étaient construites de boue séchée, avec un toit de chaume. À travers les cloisons intérieures étaient pratiquées des ouvertures, par où transitait la fumée de la cuisine, en chauffant, sur son passage, la pièce où l’on couchait.

Nous nous reposâmes, plusieurs jours, chez ces braves gens, étendus sur les nattes qu’ils nous offrirent, et nous consolant de notre malheur avec leur tabac, qui était très doux, presque insipide. Nous le fumions dans des pipes dont le fourneau était minuscule, et s’emmanchait d’un conduit d’un yard de long.

Ils fabriquaient également une sorte de breuvage qui était sûr et se buvait chaud, et présentait l’apparence du lait. Si l’on en prenait une dose un peu forte, il montait

  1. Des piments.