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traire. Il ne doutait pas de ce que je racontais. Les résultats, cependant, étaient différents chez lui de ceux que j’obtenais. Lorsque son corps, m’expliquait-il, mourait dans la camisole, il demeurait Ed. Morrell. Jamais il ne remontait dans des existences antérieures. Lorsque son esprit était libéré de la matière, c’était pour errer toujours dans le temps présent. Dans cet état, il lui était donné de contempler sa dépouille, gisante sur le sol de son cachot, puis d’errer à travers San Francisco et d’y voir ce qui s’y passait. Il avait ainsi visité deux fois sa mère et, les deux fois, il l’avait trouvée endormie. Mais il n’avait aucun pouvoir sur les choses matérielles. Il ne pouvait ni ouvrir ni fermer une porte, ni déplacer un objet, ni manifester sa présence par quelque bruit ou autrement. Les mêmes choses matérielles n’avaient non plus, par contre, aucun pouvoir sur lui, murs et portes ne lui étaient pas des obstacles. Il était uniquement esprit et pensée.

— Dans une de ces promenades à San Francisco, nous conta-t-il, j’appris, par une nouvelle enseigne appendue devant la boutique de l’épicerie qui faisait le coin du pâté de maisons où habitait ma mère, que ladite épicerie avait changé de propriétaire. Six mois après seulement, je pus envoyer à ma mère ma première lettre, et m’y informai près d’elle si ce que j’avais constaté était exact. Elle me répondit qu’effectivement l’épicerie était passée en d’autres mains.

— Ainsi, demanda Jake Oppenheimer, tu avais été capable de lire ce qui était sur l’enseigne ?

— Évidemment, je l’ai lu, répondit Morrell. Sans quoi, aurais-je pu savoir que le nom du propriétaire avait été modifié ?

— Fort bien ! frappa l’incrédule Oppenheimer. Ton raisonnement est irréfutable. Mais je demande une preuve supplémentaire. Dans quelque temps, quand nous aurons des gardiens un peu plus maniables, qui nous permettront de nous procurer parfois un journal, tu te feras mettre en