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LE VAGABOND DES ÉTOILES

pas aller si vite. Un autre homme, qu’une des sœurs Demdike affirma être le major Higbee, se tenait en selle sur son cheval, derrière les soldats, et nous regardait passer. Pas un Indien n’était en vue.

Comme je venais de tourner la tête pour voir si je n’apercevais pas Jed Dunham, l’événement eut lieu.

J’entendis le major Higbee crier d’une voix forte :

— Faites votre devoir !

Il me sembla que tous les fusils de la milice partaient d’un coup unique. En une seconde, nos hommes s’écroulèrent. Puis, à une nouvelle décharge, ce fut le tour des femmes. Les sœurs Demdike et leur mère tombèrent toutes en même temps. Je retournai la tête pour chercher ma mère. Elle aussi était par terre.

De partout, autour de nous, des centaines d’Indiens apparaissaient, qui faisaient feu à bout portant. Je vis les deux sœurs Dunlap qui se sauvaient dans les sables, et je courus après elles, car blancs et Indiens nous tuaient pêle-mêle.

Tout en courant, j’aperçus un des conducteurs des chariots tirant sur deux des nôtres, qui étaient blessés et s’y trouvaient. Les chevaux de l’autre chariot, effrayés par la fusillade, ruaient et se cabraient, avançaient et reculaient, et leur conducteur avait grand’peine à les maintenir.

Tandis que le petit garçon que j’étais, courait après les sœurs Dunlap tout s’assombrit autour de moi. Mes souvenirs, à ce point précis, s’arrêtent, Jesse Fancher cesse d’exister et disparaît pour toujours.

La forme qui était Jesse Fancher, le corps qui était le sien, matière fugace, passa comme une apparition et ne fut plus.

Mais l’esprit impérissable qui l’animait a survécu. Et, dans sa réincarnation suivante, il a animé le corps visible (qui n’est en réalité qu’une apparition nouvelle), connu sous le nom de Darrell Standing ; lequel va être incessamment tiré de sa cellule, pendu et expé-