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LE VAGABOND DES ÉTOILES

tombée pendant la nuit. Hommes et femmes, pour se rafraîchir, la léchaient avec leurs langues, sur les timons des chariots, sur les sabots des freins et sur les cercles de roues.

La rumeur circulait que Laban était revenu de patrouiller avant le point du jour ; qu’il avait, seul, rampé jusqu’au camp des blancs ; que ceux-ci étaient déjà debout et qu’il les avait aperçus, à la lueur des feux de leurs bivouacs, qui priaient en cercle. Il avait pu, aussi, saisir quelques mots de leurs prières, dont nous étions l’objet, et où ils demandaient à Dieu de leur inspirer ce qu’ils devaient faire de nous.

J’entendis une des sœurs Demdike dire à Abby Foxwell :

— Puisse Dieu, en ce cas, leur suggérer de bonnes pensées !

— Et qu’il ne tarde pas trop ! répondit Abby Foxwell. Car, après un autre jour sans eau, et nos munitions épuisées, que pourrions-nous devenir ?

Rien n’arriva pendant la matinée. Pas un coup de fusil ne partit. Le soleil flamboyait dans l’air immobile. Nos soifs allaient croissant. Bientôt les bébés altérés se mirent à pleurer, les enfants à se plaindre et à se lamenter.

À midi, Will Hamilton prit deux grands seaux et se disposa à partir pour la source. Comme il se préparait à ramper sous un des chariots, Anne Demdike courut vers lui, l’entoura des bras et tenta de le retenir.

Il lui parla, l’embrassa et se mit en route. Pas un coup de feu ne fut tiré sur lui, ni à l’aller, ni quand il remplissait ses seaux, ni à son retour.

— Le ciel soit loué ! s’écria quand il fut rentré, la vieille Mrs. Demdike. Ils se sont laissés toucher par la grâce du Seigneur.

Et telle fut l’opinion de beaucoup de femmes.

Sur le coup de deux heures, après un frugal repas qui nous avait un peu réconfortés, un homme apparut, porteur d’un drapeau blanc.