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LE VAGABOND DES ÉTOILES

revêtir. Les robes n’avaient pas été sorties du coffre depuis notre départ de l’Arkansas.

Dans son angoisse, ma mère laissa son bébé à Surah Dunlap et vint nous accompagner jusqu’à la tranchée, sous les chariots. Là, derrière le petit parapet de sable, je reçus, et Jed avec moi, ses dernières instructions. Puis nous sortîmes en rampant et nous nous trouvâmes à découvert.

Tous deux nous portions exactement les mêmes vêtements : bas blancs, robes blanches, avec une grande ceinture bleue, et chapeaux d’été blancs. La main droite de Jed et ma main gauche s’étreignaient étroitement. Dans nos deux mains libres, nous portions chacun deux petits seaux.

— Prenez votre temps ! nous jeta mon père, comme nous commencions à avancer. Allez doucement ! Marchez comme des filles.

Pas un coup de fusil ne fut tiré.

Nous atteignîmes la source sains et saufs, nous, emplîmes nos seaux et, avant de revenir, nous nous allongeâmes à plat ventre, pour boire une longue lampée, à même la source. Un seau plein dans chaque main, nous rebroussâmes chemin. Et, toujours, pas un coup de feu !

Je ne me souviens pas du nombre de voyages que nous effectuâmes ainsi. Quinze ou vingt, au bas mot. Nous marchions lentement, nous donnant la main à l’aller Puis nous revenions avec nos quatre seaux pleins. Ce manège nous altérait prodigieusement. Plusieurs fois, nous nous allongeâmes pour boire longuement à la source.

Mais tout a une fin. Il était évident que si les Indiens avaient momentanément cessé leur feu, ils avaient en cela obéi aux ordres des blancs qui étaient avec eux. Avait-on cru que nous étions vraiment des filles ? Je l’ignore. Toujours est-il que Jed et moi, nous nous préparions à nous mettre en route pour un nouveau voyage, quand un coup de feu éclata, puis un second,

— Reviens ! me cria ma mère.