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LE SUPPLICE DE LA SOIF

êtres qui réclamaient de l’eau. Puis il se releva et s’en alla inspecter le puits. Il n’en rapporta que du sable humide, dont il fit un cataplasme qu’il appliqua sur la poitrine et sur les épaules d’un des blessés, qui se plaignait plus fort que les autres.

Après quoi, il se dirigea vers Jed et vers sa mère, et envoya chercher dans la tranchée le père de Jed. Nous étions tellement pressés les uns contre les autres qu’il était impossible de faire un mouvement dans la fosse sans les plus grandes précautions, pour ne pas piétiner les corps de ceux qui étaient allongés.

— Jesse, me dit-il, as-tu peur des Indiens ?

Je secouai la tête avec énergie, devinant que j’étais destiné à une autre mission, non moins glorieuse que la précédente.

— Jesse, continua-t-il, as-tu peur de ces sacrés Mormons ?

Profitant de l’occasion qui s’offrait à moi d’épancher ma bile, sans craindre le revers vengeur de la main maternelle, je m’écriai, avec conviction :

— Non ! Je n’ai pas peur de ces sacrés Mormons !

Je vis, à ma réponse, un sourire triste plisser les lèvres serrées de mon père. Il reprit :

— En ce cas, Jesse, veux-tu aller à la source, avec Jed, chercher de l’eau ?

J’exultai.

— Nous allons vous habiller tous deux en filles. Peut-être, alors, ne tireront-ils pas sur vous.

Je protestai, et insistai, que je pouvais fort bien aller tel que j’étais, comme un homme, un homme véritable, en pantalon. Mais mon père déclara que, si je refusais d’obéir, il trouverait un autre petit garçon pour accompagner Jed. Alors je cédai.

On tira, du chariot des Chattox, un coffre que l’on amena, et qui contenait les robes du dimanche de leurs deux jumelles, qui étaient à peu près de la même taille que Jed et moi. Quelques femmes vinrent nous aider à les