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LE VAGABOND DES ÉTOILES

des mains, avec une hâte sauvage, et ma mère agissait de même.

— Dépêche-toi ! me criait mon père. Fais ton trou, Jesse, le plus profond que tu pourras !

Puis il se redressa et s’éloigna, dans le jour grisâtre de l’aube, et je le vis qui courait, en clamant des ordres :

— Couchez-vous ! Abritez-vous derrière les roues de vos chariots ! Creusez des tranchées dans le sable ! Que ceux qui ont femmes et enfants les fassent sortir des voitures ! Cessez le feu ! Tenez prêts vos fusils et préparez-vous à soutenir l’assaut, s’il nous est donné ! Les célibataires doivent me rejoindre, moi et Laban ! Ne vous levez pas… Avancez en rampant !

Mais l’assaut ne se produisit pas. Pendant un quart d’heure, le feu de nos ennemis continua, plus ou moins régulier ou nourri. Nous en souffrîmes surtout aux premiers moments de notre surprise, lorsque les balles vinrent atteindre ceux de nos hommes qui, déjà levés, construisaient et allumaient les feux, dont la lueur les éclairait.

Les Indiens, car c’était d’Indiens qu’il s’agissait, ainsi que Laban nous l’apprit, n’avaient pas osé s’approcher et c’était à bonne distance qu’allongés sur le sol ils tiraient sur nous. On commençait à les distinguer nettement, dans l’aube grandissante, et je vis que mon père, qui se tenait à quelque distance de la tranchée où ma mère et moi étions couchés, préparait une contre-attaque.

Je l’entendis qui criait :

— Feu ! Tous ensemble !

À droite, à gauche, au centre, une salve de coups de fusil, éclata chez les nôtres. Je fis, du sable, émerger ma tête légèrement, et je pus constater que plus d’un Indien avait été touché. Le feu avait aussitôt cessé et, dans la fumée qui se dissipait, je vis nos ennemis détalaient, en traînant après eux leurs morts et leurs blessés.