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LE VAGABOND DES ÉTOILES

plutôt petits, assez écartés, l’un de l’autre, étaient du bleu le plus pur que j’eusse encore vu.

L’entretien fut, une fois de plus, négatif et nous nous en retournâmes au camp les mains vides. Chemin faisant, Laban dit à mon père :

— Avez-vous vu cet homme à la face glabre ?

Mon père acquiesça de la tête.

— Eh bien, reprit Laban, c’est Lee. Je l’avais déjà rencontré au Lac Salé. C’est un fieffé coquin. Il possède dix-neuf femmes et cinquante enfants, dit-on partout. Il est fanatique de sa religion. Pour quelle raison nous suit-il, ainsi, à travers ce pays abandonné de Dieu ?

Notre marche, éternelle et fatidique, reprit le lendemain. Partout où l’eau et le sol un peu plus fertile le permettaient, s’échelonnaient de petites colonies, séparées l’une de l’autre par des distances qui variaient de vingt à cinquante milles. Entre elles s’étendait l’aride et sec Désert, de sable et de cailloux.

À chacune de ces colonies, nous réclamions paisiblement des vivres. Régulièrement, on nous les refusait, en nous demandant durement quels étaient ceux d’entre nous qui avaient vendu de la nourriture aux élus, du peuple de Dieu, quand ils avaient été chassés du Missouri. Il était totalement inutile de notre part de leur expliquer que nous étions de l’Arkansas et non du Missouri. Telle était cependant la vérité, mais ils s’obstinaient à prétendre le contraire.

À Beaver[1], à cinq jours de voyage au sud de Fillmore, nous revîmes Lee. Et nous retrouvâmes des chevaux fourbus attachés devant les maisons.

Cedar City[2] fut notre dernière halte en pays mormon. Laban qui, sur son cheval, était allé à la découverte s’en revint faire son rapport à mon père. Les nouvelles étaient inquiétantes.

  1. Beaver ou Castor.
  2. Cité-du-Cèdre.