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LA CARAVANE VERS L’OUEST

détourner de leur route vers les touffes d’herbes sèches, ni s’y arrêter.

— Que se passe-t-il ? interrogea ma mère, de l’intérieur du chariot.

— L’eau est proche, répondit mon père. Nous devons arriver à Nephi.

— Dieu soit loué ! Peut-être, là, nous vendra-t-on un peu de nourriture.

C’était bien Nephi. Nous y fîmes notre entrée dans la même poussière, rouge comme du sang, sous le soleil rouge, et dans les grincements et crissements, dans les heurts et cahots de nos grands chariots.

Une douzaine d’habitations, simples cabanes éparpillées çà et là, formaient cette localité. Le paysage était pareil à celui que nous venions de traverser. Aucun arbre. Rien que des pousses rabougries dans un désert de sable et de cailloux. Mais on y trouvait, par places, quelques champs cultivés, en partie clôturés de haies.

On ne voyait pas d’eau. Rien ne coulait dans le lit desséché de la rivière.

Ce lit, pourtant, montrait quelques traces d’humidité. Un peu d’eau y filtrait par endroits, dans des trous que l’on y avait creusés, et où les bœufs dételés et les chevaux de selle piétinaient avec délices, y enfonçant leur museau et leur tête, jusqu’aux yeux. De petits saules poussaient, maigriots, près de ces trous d’eau.

L’inquiétude avait, du fond du chariot, amené ma mère jusqu’à nous. Elle regardait par-dessus nos épaules. Mon père lui montra du doigt un grand bâtiment, proche de la rivière, et lui dit :

— Ceci doit être le moulin de Bill Black.

À ce moment, un des nôtres, qui s’était avancé à la découverte, revint vers nous sur son cheval. C’était un vieillard avec une chemise en peau de daim et une longue chevelure nattée, brûlée par le soleil.

Il parla à mon père, qui donna le signal de la halte, et