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John Harned était maintenant en plein délire. La bête primitive, en lui, était déchaînée et hurlante – cette bête des cavernes préhistoriques.

Je l’entendis hurler :

— Ah ! vous êtes venu voir un combat de taureaux ! Bon Dieu, je vais vous faire voir, moi, un combat d’homme !

Et quel combat ! Les soldats gardant la loge présidentielle accoururent, mais il arracha à l’un d’eux son fusil et lui frappa la tête à coups de crosse. De l’autre loge, le colonel Jacinto Fierro tirait sur lui avec un revolver. La première balle tua un soldat – j’en fus témoin. Mais la seconde atteignit John Harned au côté. Là-dessus, avec un juron, il plongea la baïonnette du fusil, enlevé au soldat, dans le corps du colonel. Scène horrible à voir ! Les Américains et les Anglais sont une race brutale. Pleins de mépris pour nos courses de taureaux, ils se complaisent néanmoins à verser le sang. Ce jour-là, à cause de John Harned, il y eut plus d’hommes tués qu’il en périt jamais dans toute l’histoire de la tauromachie de Quito,