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John Harned était un fort gaillard, plus large d’épaules que nous autres Équatoriens, de plus haute taille, aux membres plus massifs et plus osseux. De fait, il était mieux bâti que la plupart de ceux de sa race. Il avait des yeux bleus, encore que je leur aie vu prendre des tons gris avec, parfois, le reflet dur et froid de l’acier. Ses traits étaient fortement accusés – et non délicats comme les nôtres – et sa mâchoire avait un air formidable. Autre détail : il avait la figure rasée, lisse comme celle d’un prêtre. Je vous demande un peu ! Un homme peut-il rougir d’avoir du poil au menton ? Le bon Dieu ne l’y a-t-il pas mis ? Je dis le bon Dieu, parce que je crois au bon Dieu, moi ! Je ne suis pas un païen, comme beaucoup de vous autres, Anglo-Saxons ! Or, Dieu est bon : n’a-t-il pas fait de moi un Équatorien qui a dix mille esclaves ! Et quand je mourrai, je prendrai ma place à côté de Dieu… Oui, les prêtres ont raison !…