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conclusion ? Je jetai par terre mon revolver et revins au campement, en courant, avec la crainte de Dieu dans mon cœur.

Stephen Mackaye se moqua de moi. Cependant, je dois ici faire remarquer que, la semaine suivante, lui aussi conduisit la bête dans un petit bois, pour la tuer. Il revint seul. Fort bien. Mais, un quart d’heure après, le chien rappliquait.

Spot, quoi qu’il en soit, ne prétendait pas travailler.

Lorsque nous eûmes sorti, Stephen et moi, de notre sac, cent dix dollars pour son acquisition, Stephen l’attela au traîneau, en société des autres chiens. Il ne daigna même pas raidir ses traits. Stephen lui parla, et il se mit à trembler, mais ne tira pas davantage. Stephen le toucha du fouet. Il jappa, mais ne tira pas. Stephen le toucha plus fort. Il se mit à hurler, du hurlement lamentable et régulier du loup. Alors Stephen s’emporta et lui distribua une demi-douzaine de coups bien appliqués.

Je sortis de dessous la tente et déclarai à Stephen Mackaye qu’il était un brutal. Il me répondit avec mauvaise humeur. Ce fut la première querelle qu’il y eût jamais entre nous ! Il jeta son fouet sur la neige et s’éloigna fort en colère.

Je ramassai le fouet et m’avançai vers le chien. Spot fut repris de son tremblement, qui le faisait ressembler à une gelée de charcutier et, avant même qu’eût claqué la lanière, il s’aplatit sur le sol. Je le cinglai et, à la première morsure du fouet, il se prit à gémir comme une âme perdue. Puis il se coucha dans la neige.

Je mis en marche les autres chiens, qui le traînèrent avec eux, tandis que je continuais à le fouetter. Il se laissa rouler sur le dos, en rebondissant, les quatre pattes en l’air, et en criant comme si on le faisait passer dans une machine à saucisses. Stephen revint