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tera le fleuve avec toi. Mais il est bien entendu que moi-même je frapperai sur ta nuque les trois coups.

— Et, entre chaque coup, j’appliquerai le remède ? répondit Subienkow dont l’angoisse commençait à percer sous la joie.

— Tu appliqueras le remède entre chaque coup ! Pars dans la forêt, pour cueillir ce qu’il te faut. Une partie des hommes qui sont ici t’accompagneront afin de veiller à ce que tu ne t’échappes point.

La rapacité du Polonais avait achevé de convaincre le chef. Il fallait, de toute évidence, qu’il fût bien sûr de ce qu’il avançait pour se permettre, en face de la mort, de hausser ainsi la voix et de marchander comme une vieille femme.

Encadré de ses gardes, Subienkow disparut entre les sapins. Makamuk et Yakaga étaient restés en tête-à-tête.

— Tu pourras toujours, insinua Yakaga, après avoir appris son secret, trouver un moyen de le faire périr.

— Et comment y parviendrai-je ? rétorqua Makamuk. C’est ce que son remède rend impossible.

— Il y aura bien, quelque part sur son corps, un bout de peau qu’il n’aura point frictionné avec sa drogue. Par ce coin-là nous le détruirons. Ce sera, par exemple, par les oreilles. Nous ferons entrer une lance par l’une et elle sortira par l’autre. Il y a encore ses yeux. Son remède est certainement trop violent pour qu’il puisse s’en frotter les yeux.

Le chef acquiesça de la tête.

— Yakaga, tu parles sagement, dit-il. S’il ne possède pas d’autre sorcellerie, nous le détruirons ainsi.

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