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au-dessus d’elle. El-Sou, surprise, recula en poussant un cri d’effroi. Elle était prise, sans Tommy, qui allongea fort opportunément un croc-en-jambe à Porportuk, lequel trébucha et s’étala par terre, de tout son long.

El-Sou se remit à courir et Porportuk, s’étant prestement relevé, se lança ses trousses.

— Allons, attrape-moi ! lui criait El-Sou, railleuse et tournant sa tête, de temps à autre, par-dessus son épaule.

Elle était agile et légère et, comme elle s’était, pour la vente, vêtue à la mode indienne, aucune jupe n’embarrassait ses jambes. Mais Porportuk détalait non moins rapidement, avec un acharnement sauvage. Il avait, en des temps anciens, été le plus fort coureur de tous les jeunes gens de son âge. Quelque chose lui en était resté et il serrait de près la jeune fille. Toujours elle lui échappait pourtant, se pliant, souple et flexible comme un saule, et décrivant des courbes savantes. En sorte qu’au moment où Porportuk croyait la saisir, elle filait entre ses doigts crochus.

La foule s’était égaillée, en grande joie et en grand tumulte, tandis que la chasse se continuait à travers le camp indien, qui était voisin du Poste. On voyait alternativement El-Sou paraître et disparaître entre les tentes, suivie de près ou de loin par Porportuk, qui courait de droite, courait de gauche, bondissait de l’avant ou de l’arrière, pareil à un chien efflanqué, haletant après un gibier. El-Sou semblait voler. Finalement, tous deux disparurent au-delà du camp, dans la proche forêt.

Akoun, durant ce temps, ne semblait point autrement ému. En dépit des quolibets des gens du Poste et des Indiens, qui lui reprochaient sa passivité, il mangea, but et s’endormit comme de coutume.

Porportuk reparut seul, vingt-quatre heures plus