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qui pendait à sa ceinture et se mit en garde. Mais Porportuk, qui l’observait, sentit qu’il se lassait.

À vingt-cinq mille, effectivement, son concurrent réfléchit assez longuement et secoua la tête. Ce fut presque à contrecœur qu’il lança :

— Et cinq cents.

— Vingt-six mille ! décocha Porportuk triomphant.

Le Roi indien, cette fois, ne répondit plus aux regards suppliants que lui lançait Tommy.

Akoun fit un pas vers Porportuk. Mais, tandis qu’un dernier et vain colloque s’engageait entre Tommy et le Roi indien, qui se refusait à aller plus outre, El-Sou, avec anxiété, lui envoya un de ses vieux esclaves, qui parla tout bas au jeune homme.

— Une fois, deux fois, trois fois ? proclama Tommy. Adjugé ! Adjugé à Porportuk, pour vingt-six mille dollars !

Porportuk, inquiet, observait Akoun. Chacun, dans la foule, attendait. Mais Akoun ne fit aucun geste.

— Qu’on apporte les balances ! dit El-Sou.

— Je paierai chez moi, déclara Porportuk.

— Qu’on apporte les balances ! répéta El-Sou. Le paiement se fera ici, en public, devant tous.

On alla quérir au Poste les balances qui servaient au pesage de l’or, tandis que Porportuk se rendait chez lui et en revenait bientôt, accompagné d’un homme qui portait sur son épaule un sac de peau d’élan, bourré de la précieuse poussière. Dans sa main opposée, il tenait un fusil. Porportuk ne quittait pas Akoun du regard.

— Voici, dit Porportuk, toutes mes notes et factures diverses, et aussi toutes les hypothèques. Il y en a pour quinze mille neuf cent soixante-sept dollars et soixante-quinze cents.

El-Sou prit les papiers et les passa à Tommy.

— Je les accepte pour seize mille dollars, dit-elle.

— Cela fait, déclara Tommy, un reliquat de dix