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arrivé, si le capitaine n’avait eu l’idée de se saisir d’un gros gourdin, qui se trouvait à portée de sa main, et de le lancer aux chiens. Son geste malencontreux précipita les événements.

« Le missionnaire était arrivé à l’endroit du texte sacré où il lisait : « Dans la maladie et la bonne santé… jusqu’à ce que la mort vous sépare… » C’est à ce moment précis que le capitaine lança son projectile.

« Ce qui s’ensuivit, je l’ai vu comme je te vois. Le gourdin alla frapper Pee-lat. Et, immédiatement, le gros chien blanc fut sur le husky. Tout cela par la faute du capitaine.

« Les animaux s’étreignirent l’un l’autre, avec férocité, et, dans ce corps à corps, ils vinrent heurter violemment la grande boîte de sapin. Celle-ci mal arrimée, comme je te l’ai dit, perdit son équilibre, se mit à glisser lentement sur la montagne des colis, puis, soudain, tombant perpendiculairement, fila droit vers le sol.

« Les badauds qui se trouvaient à son point de chute eurent à peine le temps de s’éloigner. Et elle s’arrêta, juste, devant Braise d’Or et devant le marié, derrière le dos de l’officiant.

« Veuille remarquer ceci. Personne ne savait encore que Dave était mort. Braise d’Or, le comte et moi-même, nous pensions tous qu’il naviguait, en sens contraire, sur le Glendale, à destination de Dawson.

« En entendant tomber la boîte, le missionnaire, effrayé, fit un écart. Cela se passa comme au théâtre. On eût dit que c’était admirablement machiné. La boîte était lourde et mal clouée, en sorte qu’au moment où elle toucha le sol, le couvercle sauta, d’une seule pièce, et Dave Walsh apparut debout, à demi-enveloppé dans une couverture, ses cheveux blonds luisant au soleil.

« Braise d’Or, à cette vue, demeura muette d’épou-