Page:London - Belliou la fumée, trad. Postif, 1941.djvu/82

Cette page a été validée par deux contributeurs.
76
BELLIOU-LA-FUMÉE

je l’envoie promener. Vous et moi, restons ensemble. Compris ? Maintenant, prenez vos couvertures et allez m’attendre à la Corne d’Élan. Je vais régler le compte, prendre notre dû et leur donner le leur. Je ne suis bon à rien sur l’eau, mais ici mes pieds sont sur la terre ferme et pour sûr je vais faire de la fumée. »

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Une demi-heure plus tard, le Courtaud fit son entrée à la Corne d’Élan. Ses jointures éraflées et une égratignure à la joue témoignaient qu’il avait donné leur dû à MM. Stine et Sprague.

« Je voudrais que vous voyiez cette cabane, gloussa-t-il, debout devant le comptoir. Je leur ai flanqué une vraie peignée, ou j’y perds mon latin ! Des dollars contre des pets de nonne qu’aucun des deux ne se montrera dans la rue d’ici une semaine. Et maintenant notre compte est clair, à vous et moi. Pas d’emploi à trouver dans ce patelin si l’on ne fournit pas sa nourriture. La viande d’élan coûte deux dollars la livre et il n’y en a pas. Nous avons assez d’argent pour nous procurer des vivres et des munitions pour un mois. Nous allons remonter le Klondike vers l’intérieur. S’il n’y a pas de grands élans, nous irons vivre avec les Indiens. Mais si nous n’avons pas cinq mille livres de viande avant six semaines d’ici, je… pour sûr, j’irai faire des excuses à nos patrons. Ça va ? »

Les deux hommes échangèrent une cordiale poignée de main. Puis Kit se troubla :

« C’est que je ne connais rien à l’art de chasser », avoua-t-il.

Le Courtaud leva son verre.

« Possible. Mais pour sûr vous êtes un mangeur de viande, et je vous enseignerai le reste. »