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Contre les mains rouges de la haine, nous élèverons un ostensoir de lumière qui éclairera le baiser des peuples.

Et vous ne serez rien que du passé, sans honneur : bouchers, généraux, bourreaux !


GLOIRE À ÉMILE ZOLA

Je ne saurais dire quelle admiration profonde l’héroïsme d’Émile Zola émeut en moi.

Du moment que nous avons eu conscience de la plus abominable entre toutes les erreurs dont ait souffert un innocent, il ne nous fut plus possible de vivre tranquillement. Nous pensions le jour, nous pensions le soir, nous pensions à notre réveil à l’iniquité affreuse, à l’excès de torture morale et physique infligée à une misérable créature humaine, par des hommes, ses semblables, ses pairs.

La compassion nous étreignait douloureusement et cette angoisse ne fit que s’accroître par les preuves matérielles de l’innocence de Dreyfus.

Le cri d’Émile Zola a soulagé toutes nos consciences dont il était comme l’explosion. Aussi quelle joie, quelle fierté pour tous les intellectuels, que le proclamateur de la vérité et de la justice soit l’un d’eux, qu’il vibre et qu’il résonne dans tout le monde par la clameur d’airain du plus glorieux et du plus robuste artisan des lettres françaises.

Je hais les égoïstes et les impassibles à qui la douleur