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pulaire a trouvé dans être permis un acheminement au sens détourné d’intervalle de temps où l’on se repose, où l’on fait ce que l’on veut. Il n’y a pas à se plaindre de cette ingéniosité d’un si ancien néologisme ; car n’est-ce pas néologiser que de transformer la signification d’un verbe latin à son passage dans le français ?

Marâtre. — Marâtre n’a plus aujourd’hui qu’un sens péjoratif et injurieux. Mais il n’en était pas ainsi dans l’ancienne langue ; il signifiait simplement ce que nous nommons dans la langue actuelle belle-mère. Comme les belles-mères ne sont pas toujours tendres pour les enfants d’un premier lit et que le vers du trouvère


De mauvaise marastre est l’amour moult petite,


a souvent lieu de se vérifier, il n’est pas étonnant que marâtre soit devenu synonyme de mauvaise belle-mère. Pourtant il convient d’exprimer ici un regret. Rien n’empêchait, tout en donnant à marâtre son acception nouvelle et particulière, de conserver l’usage propre du mot. Il figurerait très bien à côté de parastre, perdu, lui, tout à fait, qui signifiait beau-père. C’est dommage de sacrifier des mots simples et expressifs pour leur substituer des termes composés, lourds et malaisés à manier.