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DEUXIÈME VOIX

La foudre est le coursier de l’aigle et du poète !…


III


Ainsi chantaient ces voix, et moi naïf encor
Je me laissais bercer à cet étrange accord…
Mais bien souvent depuis, sur mon âme oppressée,
J’ai senti le fardeau d’une haute pensée,
Et la nuit et le jour des rêves merveilleux,
Fantômes séducteurs, ont ébloui mes yeux.

Gabriel Monavon.


JEANNE

souvenir de la guerre de 1870


À moi d’Auvergne, c’est l’ennemi.
Le Chevalier d’Assas.


La Prusse avait rêvé la perte de la France,
Et, pendant cinquante ans, avec persévérance,
Elle avait décuplé ses nombreux bataillons,
Et, par l’acier fondu, transformé ses canons.
Au milieu de la paix, on sentait la colère,
Héritage maudit qu’avait transmis le père !
Et, dans les bras de Fritz, la sensible Gretchin
Lui parlait de l’Alsace et pensait au butin.
C’était le grand espoir dont vivait l’Allemagne,
Et qui, dans son sommeil, agitait la montagne
La guerre est un moyen de vite s’enrichir,
Et, pour être au pillage, il faut savoir mourir.
Les enfants, élevés à cette rude école,
Comme un flot de corbeaux qui, dans les airs, s’envole
Se trouveront debout lorsqu’il fallut marcher,
Et qu’on leur montra l’or qu’ils pouvaient arracher.