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les autres aux juges, ceux-ci à l’immoralité et au scepticisme, ceux-là à la sacristie et au mensonge… Insensés, trois fois insensés ! tous ces paralytiques qui, n’ayant plus ni sang, ni passion généreuse au cœur, apostasient l’avenir et se tuent à nous crier : « N’avancez pas…, ne cherchez pas au-delà, — L’abîme est devant vous, il est à vos portes… »

Insensée encore et trois fois insensée et imbécile ! cette masse épaisse et grossière qui, sans tenir compte de la connexion intime des choses, ne songe qu’à s’engraisser et à dormir, et qui ne sent pas, qui ne voit pas que tout marche, et que tout marche ensemble.

Oui, la loi est prononcée, la nécessité imminente, irrévocable : toutes les tendances se généralisent, toutes les sympathies s’élèvent, toutes les entrailles s’élargissent, les vallées se comblent et les montagnes s’abaissent ; le temps, le plus grand des novateurs[1], le plus inexorable des justiciers[2], le temps vient « il est venu…, car déjà on entend le frémissement des feuillets du livre des destins[3] !!! »

À Dieu ne plaise que j’oublie jamais tout ce que je dois de reconnaissance et de dévouement à la société, dont la bienveillance a été presque excessive à mon égard, et aux artistes, pour lesquels je me sens une affection sincère et fraternelle ; mais est-ce à dire que sous le prétexte d’une délicatesse

  1. Bacon (note de Liszt).
  2. Lamennais (id.).
  3. Werner (id.).