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On la voit ainsi se rapprocher peu à peu du point qui fixe son avide anxiété. Lohengrin espère calmer par d’indulgentes tendresses son agitation intérieure ; mais à chaque mot elle se rapproche de l’abîme. «.... Découvre-moi, s’écrie-t-elle, tout l’honneur de ta naissance !… Ne te repens point de m’instruire du haut renom de ta patrie.... la force du silence ne me manquera pas !... » L’amoureux fiancé réplique sévèrement : « Je t’ai déjà ho »norée de ma confiance, en me fiant à ton serment... je t’ai déjà élevée au-dessus des autres femmes en croyant que tu ne me désobéirais pas !.... » Après ces graves paroles, l’austère époux la berce des plus suaves tendresses du plus subjugué des amans «… Laisse-moi t’aimer, dit-il, afin que je sois heureux sur cette terre, car le bonheur que je te devrai peut seul compenser celui que j’ai quitté, pour venir à toi !.... Il n’est point de créature de Dieu dont l’existence fût plus belle que n’était la mienne... et si l’empereur m’eût offert sa couronne, je l’eusse à bon droit dédaignée… Ton amour seul peut égaler mon sacrifice ! Que le doute soit donc écarté de ton cœur… (ces mots sont accentués par le motif de la défense) car je ne viens point du sein de la nuit et des douleurs.... mais d’un séjour de lumière et de félicité… » Elsa jette un cri d’effroi. La funèbre phrase d’Ortrude déjà indiquée lorsque le chevalier disait : « que le doute