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rallume son flambeau aux espérances de la complicité.

Elsa après que la fête e,st terminée, pour savourer plus complétement dans la solitude toute l’étendue de son bonheur, et prendre tous les charmes de la nature comme ornemens de sa joie et participais de sa délivrance inattendue, vient sur le balcon de ses appartenons où elle ne se croit apperçue de personne à cette heure avancée de la nuit. Dans un chant d’une infinie douceur, elle fait part de ses joies à ces mêmes souffles de l’air qu’elle avait si souvent chargés de porter ses soupirs éplorés, vers un libérateur éloigné : strophes dont la poésie n’est pas moins touchante, que celle des vers si célèbres dans la tragédie de Schiller, où Marie Stuart, également victime d’une ambition et d’une jalousie féminine, s’adresse aussi aux nuages que le vent emporte, peu avant l’entrevue fatale qui décide sa perte. Ortrude dit à Frédéric de la quitter, afin qu’elle puisse accomplir son projet perfide. Restée seule, elle se fait reconnaître d’Elsa, et implore l’aumône de sa pitié. La noble princesse attristée par l’infortune de sa persécutrice, et ne voulant point que son bonheur soit terni par aucune malédiction, ni rembruni par aucune adversité, même celle de ses ennemis, vient au devant de la rivale acharnée, pour lui offrir un refuge dans son propre