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ironie, que Frédéric épouvanté recule devant elle. Après un malfaisant silence, il dit lentement : « Que ce nom sonne étrangement dans ta bouche ! » — « Tu donnes à ta lâcheté le nom de Dieu, reprend-elle, car si tu avais éprouvé contre ton adversaire autant de rage que tu en as maintenant contre moi, tu l’aurais pourtant atteint de ton épée, et la plus légère blessure eût dissipé l’enchantement qui seul faisait sa force. » — Frédéric lorsqu’il croit n’avoir succombé que devant les stratagèmes de la sorcellerie, sent se réveiller son ambition, sa haine, et retrouve son courage abattu.

Les lumières disparaissent par degré aux fenêtres du palais. Quand la femme cruelle dit à l’homme faible : « Je t’expliquerai comment nous changerons leurs nuits de plaisir et de repos, en nuits de peines, » la phrase musicale qui parcourt comme un corrosif les deux derniers actes, réapparaît. Ortrude découvre à Frédéric qu’ils peuvent encore perdre Elsa, mais que pour cela il faut à tout prix l’induire à rompre son serment, à interroger son époux sur son nom et sa patrie. — Le motif sur lequel Lohengrin en avait fait la défense survient, pour être aussitôt remplacé par le premier, qui ne cesse point de serpenter dans tout le duo, tantôt ralenti, tantôt accéléré, tantôt developpé, tantôt diminué, et qui en servant d’introduction au