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que je suis est à lui ! » Nous regrettons de ne pouvoir rendre la naïve grâce de ces vers qui portent si bien le cachet d’humble dignité particulière à la vertu chrétienne. Le hérault fait sonner l’appel aux quatre coins de l’horizon. Personne ne paraît. Elsa demande qu’on le répète, et tandis qu’elle dit avec ingénuité : « Mon champion est loin peut-être, et ne peut entendre ! » les sanglots qu’elle refoule en son cœur, retentissent d’une manière déchirante dans l’accompagnement. L’appel est renouvelé. — Même silence. — Le peuple commence à croire, que celle qui est si abandonnée, n’est point digne de la protection de Dieu. Éperdue, désespérée, elle se jette à genoux, et implore le Ciel de lui envoyer ce défenseur promis, de le faire arriver à son secours, tel que dans son sommeil elle l’a vu. Ces dernier mots sont suivis par une entrée pianissimo de trois trompettes, qui répètent la phrase que nous avons déjà citée comme particulièrement affectée à la personnalité de Lohengrin[1].

On aperçoit tout d’un coup dans le lointain, sur les flots de l’Escault, un cygne conduisant une nacelle, où se trouve un chevalier revêtu du costume qu’Elsa disait avoir vu en songe. Sur ce dernier motif, le chœur des assistans s’écrie : « Miracle !

  1. Voyez Supplément No. 4.