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crimes supposés, et la virginale candeur de la Princesse, fait succéder dans les assistans l’incertitude à l’indignation. L’Empereur l’interroge de rechef : « Vous reconnaissez-vous donc coupable ? » Sans répondre, elle soupire en disant : « Oh, mon pauvre frère ! » Après un long silence, le juge de cette belle accusée, l’invite avec douceur à lui parler en confiance. Une sorte de ravissement semble alors s’emparer d’elle, et comme dans un accès de somnambulisme elle raconte « qu’en se voyant ainsi seule, abandonnée, sans secours ni refuge humain, elle avait adressé ses larmes, ses sanglots, et ses supplications au Seigneur de toute justice, en le priant d’avoir pitié d’elle, et qu’en cet instant elle s’était endormie d’un profond sommeil. » On croit, qu’elle délire ; l’Empereur l’engage à songer à sa défense ; mais elle continue son récit en disant que « durant ce sommeil elle avait vu en rêve un chevalier vêtu d’une armure d’argent, dont les brillans regards semblaient vouloir la consoler ; qu’il était venu à elle du haut des Cieux, et que du geste il lui avait promis de la sauvegarder dans ce péril extrême. » — « C’est lui, » ajoute-t-elle, « que je choisis pour mon défenseur ! » Lors-qu’elle prononce les paroles qui dépeignent l’apparition du chevalier, l’orchestre reprend quatre mesures de l’introduction, comme pour mentionner le St Graal, et attaque une mélodie qui est destinée à représenter l’individualité du Lohengrin,