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pour lui-même la couronne de Brabaut, coumie le plus proche par le sang du feu Duc, et comme époux d’Ortrude de la lignée des anciens souverains du pays. » À ce récit, tous les soupçons s’élèvent contre Elsa, et l’Empereur la fait solennellement comparaître devant son tribunal.

À peine l’appel du hérault a-t-il cessé de se faire entendre, qu’une mélodie d’une exquise douceur et d’un rhythme impalpable, comme une désolation sans recours[1], remplace dans l’orchestre les discordances tumultueuses, et nous apprend déjà combien est pure, chaste et sainte, la jeune fille accusée de meurtre, de secrètes amours, et de coupables ambitions. Elle s’avance, vêtue de blanc, couverte de longs crêpes noirs, silencieuse, timide et émue de l’appareil qui l’environne. L’Empereur lui demande s’il la reconnaît pour son juge ? elle lève sur lui un regard assuré, et répond par un signe de tête affirmatif. Il lui demande ensuite si elle sait de quels forfaits elle est accusée ? Se tournant vers Frédéric avec tristesse, elle répond de même, qu’elle en est instruite. « Qu’avez-vous donc à dire pour votre défense, Elsa de Brabant ? » lui dit encore l’Empereur. Elle répond de nouveau par un geste muet : « Rien. » Le contraste entre l’horreur de ses

  1. Voyez Supplément No. 2.