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temps étudier, pour se rendre maître de toute leur signification ?

Wagner par un procédé qu’il applique d’une manière tout à fait imprévue, réussit à étendra l’empire et les prétentions de la musique. Peu content du grand pouvoir qu’elle exerce sur les cœurs en y réveillant toute la gamme des sentimens humains, il lui rend possible d’inciter nos idées, de s’adresser à notre pensée, de faire appel à notre réflexion, et la dote d’un sens moral et intellectuel. Déjà nous avions vu dans les Huguenots, le rôle de Marcel, incrusté en quelque sorte dans le choral de Luther, qui personnifie non-seulement sa foi, mais toute l’inflexible exaltation de son esprit, tout le sens de ses actions. Wagner a dépassé cette intention si heureuse de Meyerbeer. Il a mélodiquement dessiné le caractère de ses personnages et de leurs passions principales, et ces mélodies se font jour dans le chant ou dans l’accompagnement, chaque fois que les passions et les sentimens qu’elles expriment sont mises enjeu. Cette persistance systématique est jointe à un art de distribution, qui offrirait par la finesse des apperçus psychologiques, poétiques et philosophiques dont il fait preuve, un intérêt de haute curiosité, à ceux aussi pour qui les croches et doubles croches sont lettres mortes et purs hiéroglyphes. Wagner forçant notre méditation et notre mémoire